Biais de confirmation : Comment le cerveau peut influer sur la confiance en soi

​​Le biais de confirmation ​est un mécanisme ​inconscient de notre cerveau. ​S’il est présent chez une personne ayant peu confiance en elle, il peut avoir un effet de renforcement négatif très fort, ​la poussant à ne prendre en compte que les informations ​confirmant son manque de confiance​, quelle que soit la situation ou ses actions. Mais des méthodes existent  pour lutter contre ce mécanisme​ automatique.

Biais de confirmation : Comment le cerveau peut influer sur la confiance en soi

​En ce moment, les neurosciences sont un sujet très en vogue qui est évoqué dans les aspects de notre vie tant personnelle que professionnelle. Ainsi, de nombreux mécanismes inconscients sont désormais décortiqués et explicités : les ressorts de la motivation, la gestion des émotions, les biais cognitifs…​

​Il est vrai que, intellectuellement, c’est très intéressant de mieux comprendre son cerveau.

Toutefois, il est assez rarement dit que l’on peut avoir un impact, certes mesuré mais tout de même, sur ces mécanismes.

Dans cet article, nous allons nous intéresser plus particulièrement aux biais cognitifs et surtout au biais de confirmation d’hypothèse, qui est souvent considéré comme étant « à la racine » de tous les autres biais, et comment il influe sur la confiance en soi.

Ainsi, le biais de confirmation (ou de confirmation d’hypothèse)1 est le fait de ne prêter attention qu’aux informations qui confirment nos préconceptions (croyances ou hypothèses), qu’elles soient positives ou négatives. ​C’est-à-dire que, lorsque l’on recherche des informations sur un sujet, inconsciemment, on ​va ​:

  • ne ​tenir compte que de celles qui confirment ce que l’on croit déjà
  • ​ignorer ou donner beaucoup moins de crédit à celles qui infirment nos croyances

Alors imaginez, si vous n’avez pas confiance en vous, ce qu’une recherche d’informations biaisée sur vos capacités et compétences peut avoir comme pouvoir de renforcement négatif…

Biais de confirmation : comment ça fonctionne exactement ?

Alors si le biais de confirmation fait en quelque sorte office « d’œillères », pourquoi est-ce qu’il se met en place en premier lieu ?

Et bien, il s’agit en fait d’un mécanisme extrêmement utile au départ.

Le biais de confirmation est une « automatisation » faite par notre cerveau dans les situations où il y a trop d’informations à traiter / analyser, où l’on souhaite réagir vite et où l’on veut trouver un sens à ce qui se passe.

En bref, c’est un raccourci que prend notre cerveau pour traiter certaines situations en se fondant sur des généralisations faites à partir de situations passées et de nos croyances préexistantes. Et ce raccourci lui permet de réagir plus vite et de manière quasi-automatique sans avoir à solliciter nos capacités d’analyse.

En effet, le cerveau est économe et écologique, : lorsqu’il peut éviter de consommer trop d’énergie en analyses, il ne s’en prive pas ! Et dans de nombreuses situations, cela s’avère bien pratique : conduire, marcher et discuter avec un ami, sortir de chez soi en éteignant toutes les lumières et en fermant la porte machinalement tout en pensant à notre rendez-vous à venir…

Mais, dans certains cas, ce raccourci peut être préjudiciable.

Pourquoi ?

Parce qu’en faisant le minimum d’efforts, voire aucun, pour analyser une situation, nous la voyons uniquement sous le prisme de nos croyances que la situation y corresponde ou non. 

Impact du biais de confirmation sur la confiance en soi

Cela mérite quelques explications supplémentaires​…

Le biais de confirmation étant la tendance à ne voir que les informations qui confirment ce que nous croyons déjà, cela implique que nous remettons très peu en cause ce que nous croyons.

Si cela concerne des croyances à propos de nous-mêmes et qu’elles sont positives (par exemple : « je suis doué en management » ou « je sais bien parler en public »), tant mieux : cela les renforce !

En revanche, si cela concerne des croyance​​s négatives à propos de nous-même, comme par exemple « je n’ai pas confiance en moi », cela les renforce aussi… et comme c’est un processus automatique, on y croit d’autant plus. Il devient alors impossible ​ou très difficile de prendre en compte les informations qui contrediraient notre croyance.

En sus du biais de confirmation, d’autres biais cognitifs peuvent jouer un rôle dans l’entretien des croyances relatives à la confiance en soi…

  • ​Par exemple, notre mémoire ne traite pas toutes les informations de la même façon, cela s’appelle la notion de sélectivité ou le biais de négativité. Ce biais fait que l’on retient toujours plus les informations négatives que les positives.
  • ​Autre exemple, la notion de validation subjective : c’est un biais qui fait que l’on veut toujours donner un sens aux événements même s’il n’y a aucun lien à faire entre ceux-ci et nos croyances. Ainsi, toute situation peut être sujette à l’alimentation des causes du manque de confiance en soi si l’on « cherche bien » et que l’on interprète les événements dans le sens de nos croyances.
  • ​​Sans compter, dernier exemple, les possibles remarques ou opinions entendues durant l’enfance de la part de personnes d’influence (parents, famille, professeurs…) qui ont pu créer ou entretenir le manque de confiance en soi : c’est l’effet d’influence continue.

​Et comme l’on retient plus facilement les choses négatives (vous vous rappelez, le biais de négativité ?…), on se souviendra très bien d’une seule remarque négative et très peu des dizaines d’autres positives.

Évidemment tous ces biais ne sont pas tous présents ​en même temps chez tout le monde. Mais s’ils s’accumulent, il devient difficile de lutter contre le manque de confiance en soi car il se trouve renforcé en permanence par cette sélection des informations que le cerveau opère.

Alors, entre le biais de confirmation et tous les autres biais qui peuvent s’y ajouter, cela devient réellement difficile de regarder une situation avec des yeux « neufs » ou, en tous cas, « neutres ».

Déjà qu’en mode « automatique », l’analyse et l’interprétation des informations est réduite à son strict minimum, en présence d’un biais de confirmation en lien avec le manque de confiance en soi, impossible de voir la situation de manière impartiale ou comme infirmant la croyance.

Focus sur le biais de confirmation qui renforce le manque de confiance en soi​. Méthodes pour lutter contre ce mécanisme ​inconscient de notre cerveau.

Quelles actions mettre en œuvre pour limiter l’impact négatif en cas de manque de confiance en soi ?

Pour « contrer » les raccourcis et automatismes qui mettent en jeu le biais de confirmation et qui confirment le manque de confiance en soi, vous devez agir en deux temps : réflexion puis action.

La principale difficulté des biais cognitifs, et plus particulièrement du biais de confirmation, est qu’ils sont inconscients, c’est-à-dire que l’on ne se rend pas compte qu’ils sont à l’œuvre (même a posteriori), et souvent historiques, dans le sens où ils agissent depuis très longtemps. De plus, dans ce cas particulier (où le biais de confirmation renforce le manque de confiance en soi) le changement de comportement va être encore rendu plus difficile par le fait qu’il faut s’attaquer à une croyance identitaire : « je n’ai pas confiance en moi ».

Donc tout travail pour essayer d’en diminuer les effets commence par une prise de conscience des moments où le biais de confirmation est activé. Car le fait qu’une croyance soit ancrée depuis longtemps dans notre esprit ne la rend pas plus vraie !

Tout d’abord, essayez de vous placer dans la peau d’un chercheur face à une expérience, plutôt que de laisser libre cours à vos automatismes (chercher à confirmer votre croyance / hypothèse), cherchez plutôt comment vous allez pouvoir la réfuter. Donc, pour identifier si le biais de confirmation est à l’œuvre dans une situation, vous pouvez vous poser ces trois questions :

  • ​​Ma vision de la situation était-elle fondée sur des sources fiables, sur des faits (observables aussi par d’autres personnes) ou sur des ressentis (purement internes) ?
  • ​​Est-ce que cette situation a confirmé des idées ou des croyances que j’avais déjà ? quels sont les éléments factuels (observables par autrui et non des ressentis internes) de la situation ?
  • ​​Et si je considérais le contraire ? quels sont les faits qui soutiendraient le contraire ?

​Ensuite, vous allez devoir faire preuve d’auto-compassion et de décentration.

L’auto-compassion est le fait de s’appliquer à soi-même la compassion et l’indulgence dont on fait preuve à l’égard des autres.

C’est un excellent moyen de contrer notre « petite voix » intérieure, une expression plutôt inoffensive pour désigner notre dictateur personnel, jamais satisfait de nos efforts et de notre comportement. Qui plus est, ce juge intérieur est généralement dans la surinterprétation de toutes nos actions et – vous vous en doutez – le plus souvent via des jugements négatifs (« je suis trop bête », « mais quel con ! » …etc.).

Pour pratiquer l’auto-compassion, il est nécessaire de vous décentrer, c’est-à-dire de vous placer dans la perspective d’autrui. Ainsi, vous pourrez analyser la situation de manière moins partiale (et moins négative à votre encontre).

Par exemple en vous mettant à la place d’un de vos amis proches s’il analysait cette même situation ou si vous l’analysiez vous-même mais que les événements étaient arrivés à votre ami.

​Lorsque vous vous surprenez à analyser – une fois de plus – une situation comme confirmant votre manque de confiance en vous, vous pouvez même aller plus loin, pour contrer les biais de confirmation et surtout de négativité, et systématiquement vous forcer à lister pour vous-même trois éléments de « preuve » qui démontrent votre compétence dans la situation.

Par exemple dans un contexte professionnel : une personne m’a félicité pour ma présentation, j’ai évoqué tous les points que je voulais, j’ai pu donner mon avis…

​Et si vous éprouvez des difficultés à le faire par vous-même, n’hésitez pas à solliciter directement d’autres personnes pour avoir un feedback extérieur. En effet, on a trop souvent tendance à accorder beaucoup de crédit aux remarques négatives des autres et très peu aux positives.

Le changement nécessite temps et patience

Nous l’avons vu, la première étape cruciale pour contrer le biais de confirmation est la prise de conscience de son existence et des moments où il s’active.

Ensuite, en opérant un changement conscient dans votre façon de voir les choses (auto-compassion & décentration, questionnement, réfutation & investigation), vous pourrez voir les situations sous un jour plus impartial et en étant moins dans la confirmation systématique de votre manque de confiance en vous.

Ces changements peuvent prendre un certain temps : il faut donc persévérer. C’est une nouvelle habitude à prendre.

Toutefois, comme évoqué tout au long de cet article, la confiance en soi (ou le manque de confiance en soi) est une croyance que l’on a vis-à-vis de soi-même. Si ce manque de confiance est persistant malgré tous vos efforts, il peut être pertinent d’initier un questionnement sur les bénéfices secondaires qui peuvent exister à maintenir cet état et à le renforcer par le biais de confirmation. Il ne s’agit pas ici de crier haro sur les personnes qui manquent de confiance en elle, mais de rappeler que le cerveau humain ne fait rien sans raison.

Sachant cela, il pourrait être intéressant d’essayer de renverser le problème et de se poser des questions telles que :

  • ​De quoi ai-je peur dont mon manque de confiance en moi peut me protéger ?
  • ​Qu’est-ce que je voudrais faire mais qui se trouve empêché par mon manque de confiance en moi ?
  • ​Que ferais-je si j’avais confiance en moi ? (et dont je suis empêché aujourd’hui)

​Parfois, le manque de confiance en soi peut être un mécanisme de défense automatique pour ne pas aller vers ce qui nous fait peur… Et la peur ne se surmonte que d’une seule façon : en passant à l’action.

Conclusion

En résumé, votre cerveau est un ami qui ne vous fait pas toujours que du bien.

En l’occurrence, les différents biais cognitifs que nous avons pu voir, et en particulier ​le biais de confirmation d’hypothèse, ​bien utiles en certaines circonstances, voire en d’autres époques, peuvent jouer contre vous. Et ils peuvent créer, favoriser et entretenir votre manque de confiance en vous.

Une lecture positive de ce fait est que vous n’êtes pas le seul responsable de votre manque de confiance. C’est rassurant. Mais cela ne fait pas avancer les choses pour autant.

​Connaître et ​avoir conscience de l’effet de ce biais de confirmation ​est une bonne chose et un premier pas pour limiter ​son ​influence négative. Mais cela ne suffit pas.

Il vous faut aussi agir. Cet article vous a proposé plusieurs actions et ​questions à ​appliquer au quotidien. Ne vous privez pas de vous en servir régulièrement et tous les jours.

Focus sur le biais de confirmation qui renforce le manque de confiance en soi​. Méthodes pour lutter contre ce mécanisme ​inconscient de notre cerveau.

A propos de l’auteur : Émilie Amic

​Entrepreneur / Consultante en développement professionnel & entrepreneurial

Fondatrice de la société Luceliandre, pour favoriser la passage à l’action et la motivation, et auteur du livre « Mieux s’organiser au travail »

1. Edith Salès-Wuillemin. La catégorisation et les stéréotypes en psychologie sociale. DUNOD, pp.365, 2006, PsychoSup. ffhalshs-00596051f https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00596051/document

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